Lectures
- Quels sont les intérêts respectifs des formats audio, numérique et papier ?
Livre numérique, livre augmenté, livre interactif, livre audio… Ces appellations désignent un « objet culturel protéiforme » (Vincianne d’Anna) cherchant à inventer de nouvelles formes de textualité et à se différencier du livre imprimé sans s’en détacher tout à fait. Quelles sont donc les spécificités des supports numériques ? Quelles relations entretiennent-ils avec le livre papier et quels modes de lecture induisent-ils ? Quels peuvent être leurs usages ?
Commençons par distinguer les supports dont il est question. On appelle « livres homothétiques » les livres papier numérisés (les albums filmés ou les « ebooks » par exemple). Le support numérique reproduit au plus près, jusque dans le tournage des pages, le support papier. Le support numérique peut apporter un confort de lecture en permettant d’augmenter la taille de la police ou d’annoter ou de marquer certains éléments. Les livres augmentés, quant à eux, fonctionnent sur le principe de la complémentarité avec le support papier : la mise en contact du livre avec une tablette ou un smartphone fait apparaitre des informations nouvelles, des personnages cachés ou un système d’animation lié à la narration et proche du jeu. La lecture de certains albums peut également se prolonger par des applications dérivées (souvent des jeux éducatifs). Les livres interactifs, pour leur part, se présentent comme des espaces fictionnels d’immersion. Sur support numérique exclusivement (tablette ou smartphone), ils invitent le (jeune) lecteur à participer au récit à travers différentes interactions (souffler, secouer…), ou, carrément, à entrer dans l’histoire pour agir, résoudre des énigmes, choisir des possibles narratifs (à la manière des livres dont vous êtes le héros), voire à créer une partie de l’histoire. Enfin, les livres audios sont les adaptations numériques des désormais anciens livres-disques : le texte, mis en voix et en musique, permet à des non-lecteurs – ou non « décodeurs » – d’avoir accès à l’histoire.
S’il y a des enjeux commerciaux certains à « l’augmentation » des livres papier, ou à leur prolongement en applications ludiques, il y a également, dans ce développement, la possibilité de créer de nouvelles expériences de lecture pour ceux qui en sont ou s’en sont éloignés, et des expériences de lecture actives et créatives. Les formats numériques favorisent également l’accessibilité au livre pour les enfants à besoins spécifiques : police adaptée pour les enfants dyslexiques ou versions en « autodescription » (description des illustrations) pour les enfants malvoyants. Ainsi, livres numériques et livres papier fonctionnent sans doute moins en concurrence que de manière complémentaire.
La présente section accueillera des contributions sur les apports et limites des nouveaux formats dans le cadre de médiations. Concernant le support traditionnel du livre papier, on pourra également se demander quels critères permettent de retenir un objet plutôt qu’un autre (format, illustrations, dispositifs type kamishibaï), voire de se passer d’objet dans le cadre d’une restitution purement oralisée ou théâtralisée.