Fiche méthode rencontre avec un auteur

Cette fiche aborde les objectifs de la rencontre avec un auteur ainsi que les principes d’organisation et d’animation de cette médiation. Elle propose également un exemple de questions préparées par les étudiants du master de littérature de jeunesse de l’INSPE de Versailles pour une rencontre avec Antonin Louchard, en octobre 2021.

La rencontre avec un auteur

 

Définition : Le médiateur présente au jeune public un auteur en l’interrogeant sur l’ensemble de son œuvre ou sur l’un de ses livres, tant sur le plan des thématiques qu’il a retenues, de l’écriture même (style) que sur les genres qu’il privilégie  (roman, documentaire, théâtre, essai, BD, poésie). Pour cela, il s’appuie sur une sélection de livres de cet auteur. Des lectures d’extraits peuvent être faites. La participation du public est sollicitée. Une librairie peut être présente afin de permettre au public d’acheter certains ouvrages de l’auteur et de les faire dédicacer. C’est un travail de médiation entre auteurs, lecteurs, librairies et éditeurs. Pour s’inscrire dans une communauté culturelle, s’informer sur les autres manifestations locales est indispensable : cette précaution permet d’éviter les doublons.

Objectifs de cette médiation :

  • Faire découvrir des auteurs et réfléchir de manière critique à leurs œuvres
  • Inciter un public peu sensibilisé à entrer dans la lecture
  • Approcher différemment la lecture

 

Les principes d’organisation pour réaliser la rencontre avec un auteur :

 

  • Choisir l’auteur en fonction du public visé. Par exemple, Rascal est plus adapté à des enfants de 6 à 9 ans qu’à des enfants de maternelle. Explorer et lire abondamment en amont est indispensable pour trouver l’auteur que l’on souhaite inviter, mais il est aussi possible de faire assurer une veille littéraire par des partenaires (libraires).
  • Réaliser un logo ou un visuel qui renvoie à la rencontre et lui donne une identité
  • Établir un calendrier prévisionnel :
  1. a) L’auteur est contacté plusieurs mois à l’avance (3 mois minimum). On peut lui envoyer les questions à l’avance pour qu’il les valide.
  2. b) Quelque temps avant la date prévue, il faut réaliser une présentation de l’action et inviter le public.
  3. c) Solliciter certains partenaires (la DRAC par exemple : direction régionale des affaires culturelles).
  4. d) Prévoir les dépenses. Les types de dépense à prévoir correspondent au coût des contacts avec les auteurs (salon du livre, librairies, appels téléphoniques, courriers) et au paiement des auteurs. Pour calculer le montant de la rétribution d’un auteur, il faut se reporter à la Charte des auteurs et des illustrateurs pour la jeunesse qui définit les droits des auteurs et fixent les tarifs. La Charte des auteurs et des illustrateurs pour la jeunesse est une association loi de 1901, agréée par le ministère de la jeunesse et des sports, subventionnée par le Centre national du livre, la mairie de Paris, et la direction régionale des affaires culturelles de Paris. On peut la contacter à l’adresse suivante : Hôtel de Massa, 38 Faubourg st Jacques, 75014 Paris. Il faut ajouter aux frais indiqués, qui ne concernent que l’intervention de l’auteur, les frais de transport et éventuellement d’hébergement. Il convient de s’assurer que les auteurs ont un numéro d’identification AGESSA qui leur permet d’établir une facture. L’AGESSA n’est pas une caisse de sécurité sociale mais elle sert de passerelle entre les auteurs et les caisses primaires d’assurance maladie.
  5. e) Le moment venu, l’espace est organisé en vue de la rencontre qui intègre un débat.

Les principes pour animer une rencontre avec un auteur :

  • Sélectionner les extraits d’ouvrages qui vont être lus à haute voix
  • Préparer les questions tout en sachant s’adapter aux réactions de l’auteur pour éviter les redites. Les questions peuvent porter sur la vie et la carrière de l’auteur, sur certains aspects de l’œuvre en général (thématiques, genres, tonalité, personnages, illustrations, rapport texte/image), sur le public visé ou encore sur le lien avec le lecteur (voir annexe : exemple de questions préparées par les étudiants du master de littérature de jeunesse de l’INSPE de Versailles en 2021). Les questions doivent suivre une progression.
  • Pour débuter la séance, il faut commencer par une présentation de l’auteur ou des remerciements et poursuivre sur une série de questions sur l’œuvre. Insérer des lectures d’extraits à voix haute, prévoir des moments pour montrer les ouvrages ou les premières de couverture. Préparer éventuellement un PowerPoint pour appuyer le propos.
  • Savoir animer un débat (donner la parole au public)
  • Prévoir des questions subsidiaires

Critères d’évaluation de cette médiation :

  • Nombre de participants
  • Qualité des échanges
  • Suggestions d’achat
  • Retombées en termes de prêts d’ouvrages de l’auteur, hausse de fréquentation de la bibliothèque ou du CDI.

 

Annexe : questions préparées par les étudiants su master de littérature de jeunesse pour la rencontre avec Antonin Louchard le mercredi 13 octobre 2021

 

INTRO :

 

« Tout d’abord nous souhaitions vous remercier de nous accorder cet échange et de bien vouloir répondre à nos questions.

    [PARTIE CONCERNANT LA VIE ET LA CARRIÈRE DE L’AUTEUR]

Question 1 :

Il apparaît que vous avez été enseignant par le passé. On retrouve des références à cela dans certains ouvrages comme Les Bottes ou La piscine à travers le personnage de la maîtresse. Y a-t-il une volonté de rendre hommage au corps enseignant par le biais de ces petites scènes ?

=> montrer Les Bottes ou La piscine au choix (lecture de quelques pages des albums + couverture des deux albums sur le PowerPoint)

 

Question 2 :

Vous êtes maintenant à la tête de deux collections de livres pour la jeunesse, l’une chez Thierry Magnier, « Tête de lard », l’autre chez Gallimard Jeunesse « Aux petits oignons ». Quel impact estimez-vous que cela a pu avoir sur votre écriture ? Y voyez-vous plus de contraintes ou de libertés ?

=> montrer la couverture de Sur la bouche, collection “Tête de lard” (PowerPoint)

 

Question 3 :

Vous avez déclaré dans une interview au magazine jeunesse Picoti que vous vous considériez comme un militant de la lecture, et que vous souhaitiez développer le goût de lire dès le plus jeune âge. Cela est-il un fil rouge dans votre processus créatif ou bien cette idée vient-elle modifier votre travail une fois celui-ci presque achevé ?

=> pas de livre à montrer ici

 

QUESTIONS SUR l’OEUVRE GENERALE

 

Question 4 :

Quand on s’intéresse à votre œuvre dans sa globalité, on peut distinguer trois grandes catégories d’ouvrages. Avec à la fois des albums de fiction narratifs à chute comme Super Cagoule ou Les Bottes, mais également des ouvrages reposant sur des jeux notamment langagiers, graphiques ou s’appuyant sur l’association d’idées comme dans Oh ! la vache ou Dans la galette il y a. Puis des livres à la frontière entre les deux, comme La promenade de Flaubert ou Vous n’avez pas vu mon nez.  Quels éléments déterminent votre choix sur le type d’album que vous allez réaliser ?

=> montrer 1ere de couverture de chaque catégorie : Super Cagoule comme album fictionnel narratif à chute; Oh la vache comme ouvrage reposant sur les jeux langagiers et graphiques ; La promenade de Flaubert comme album narratif à dimension poétique.  (PowerPoint)

Question 5 :

On remarque dans votre bibliographie une forme de sérialité pour certains titres, avec une récurrence de certains personnages. Quel est d’après vous l’intérêt des livres en série et qu’est-ce qui fait que ces livres méritent d’avoir une suite ? Qu’est-ce qui séduirait plus les enfants dans ces schémas plutôt que dans les livres à histoires uniques ?

=> montrer les images avec notamment la poule (Super Cagoule, Répétou) et le caneton de Répétou et de Je suis un lion  (PowerPoint)

Question 6 :

Du fait que vous soyez auteur et illustrateur, la question de votre processus de création se pose : est-ce le texte qui vous vient en premier ou les illustrations ? De plus, vous avez collaboré avec d’autres artistes, notamment avec Kathy Couprie pour des albums comme Des milliards d’étoiles, Oh! La Vache (1998) et Tout un monde (1999, un imagier), pourquoi ce choix de collaboration ? (S’il mentionne l’exposition, lui demander d’en dire plus là dessus)

=> 1ère de couverture de Des milliards d’étoiles, Oh la vache ! Tout un monde (PowerPoint)

Question 7 :

Vous utilisez différentes techniques artistiques (photos, dessins, peintures, collages). Les choisissez-vous en priorité par rapport à vos préférences ou celles des lecteurs ?

+ Question annexe : Comment définissez-vous les possibles préférences des lecteurs ?

    + Question annexe : Pensez-vous que certaines techniques puissent être plus adaptées à un public plutôt qu’un autre ?

Montrer différentes techniques dans Tout un monde (PowerPoint)

Question 8 :

L’humour est omniprésent dans la plupart de vos albums narratifs. Sert-il de stratégie pédagogique et ludique pour inciter l’adulte à poursuivre la pratique de la lecture avec l’enfant ?

=> montrer un extrait de Super Cagoule ou lecture par l’auteur

 

Question 9 :

La question de l’âge pour les livres jeunesse se pose souvent en librairie ou bibliothèque. Avez-vous pu observer des différences entre votre perception et celle de votre éditeur concernant ces différents publics ciblés par vos différents albums ?

    [PARTIE CONCERNANT LE RAPPORT TEXTE/IMAGE]

Question 10 :

Dans certains albums on peut noter une différence entre ce qui est proposé par le texte et ce qui est montré par les images, par exemple dans Je suis un lion, ou Ceci est un livre. Pourquoi ce souci d’éviter la redondance de sens entre texte et image ? Est-ce un levier humoristique ?

=> montrer la 1ère de couverture de Je suis un lion et de Ceci est un livre (PowerPoint)

 

Question 11 :

Dans certains albums, vous avez recours à la voix off qui représente l’adulte. Il y a ici une autre forme de décalage entre le texte et l’image : un décalage spatial. Je pense notamment à la voix off qui apparaît dans de nombreux dialogues d’albums fictionnels (Patate, La Piscine, les Bottes, Captain lapin…) : pour quelle.s raison.s avoir choisi ce type de représentation ? L’adulte n’est présent qu’à travers sa voix, est-ce pour mettre l’accent sur le personnage enfantin (présent physiquement) ? Ou peut-être pour renforcer l’idée que sa présence reste indispensable, même lorsqu’il n’est pas au centre du récit ?

=>Montrer une double page de Patate et La Piscine avec la voix off (PowerPoint)

Question 12 :

Comme nous venons de le souligner, on constate que les rapports entre texte et images dans vos ouvrages sont parfois complexes. Prenez-vous en compte une possible médiation à venir quand vous concevez vos albums ?

 

 

QUESTIONS SUR LE PUBLIC CIBLE

Question 13 :

  • Dans vos œuvres nous remarquons plusieurs références culturelles et littéraires. Certaines semblent accessibles aux enfants comme dans Sur la Bouche, où on remarque une allusion au Prince Grenouille de Grimm, d’autres semblent plutôt accessibles à l’adulte :  Par exemple,  dans Dans la galette il y a, on retrouve une citation de l’inventaire de Boris Vian dans la Complainte du progrès « une tourniquette à faire la vinaigrette ». Dans Ceci est un livre,  l’image de la couverture est inspirée par le célèbre tableau de Magritte, La trahison des images plus connu sous le titre : « Ceci n’est pas une pipe ». Dans l’album Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte on note une allusion au fascisme et à la société de consommation. A qui s’adressent principalement l’intertextualité et l’intericonicité présentes ? Pourquoi cette double adresse ?
  • Comment rendre ces références accessibles aux deux publics ?

=> montrer le contenu du livre Dans la galette il y a avec une référence à Boris Vian + le livre Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte? avec une référence au fascisme et à la société de consommation. (PowerPoint)

Question 14 :

Concernant votre dernier album, qui va sortir le 15 octobre (Pourquoi les lapins ne fêtent pas leur anniversaire), retrouve-t-on cette double adresse, contient-il la même dimension politique que l’album Pourquoi les lapins ne portent de culotte, qui semble le précéder ? Pouvez-vous nous en parler davantage ?

=> montrer la couverture du livre Pourquoi les lapins ne fêtent pas leur anniversaire ? Lecture de certains passages par l’auteur ?

 

Question 15 :

On remarque que vos albums au genre plus poétique sont plus adaptés aux petits, alors que vos albums basés sur l’humour le sont plutôt pour les plus grands. Est-ce un choix de votre part ou cela vous vient-il naturellement à la création ?

=> diapo montrant le contraste entre Tout un Monde et Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte ? (PowerPoint)

 

Question 16 :

On remarque très rapidement que vous faites appel à des animaux anthropomorphes, comme personnages de vos récits, pourquoi ce choix de création ? Est-ce pour des questions d’identification et de prise de distance entre le lecteur et les personnages ?

+ Question annexe : Pour le lapin précisément (Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte ?), on peut remarquer qu’il y a un contraste entre la première image de l’animal, à savoir mignonne et douce, et la dernière, plus grave voire plus sombre. Quelle volonté aviez-vous en cassant ce stéréotype ?

=> diapo montrant l’opposition entre le début de Pourquoi les lapins ne portent pas de culottes? et la scène avec les lapins fascistes

Question 17 :

A la lecture de vos livres et au vu de certaines thématiques que vous abordez, nous ressentons cette volonté en tant qu’auteur de prendre la petite enfance au sérieux. Mais toujours avec humour et légèreté, vous abordez des sujets sensibles touchant aux peurs des enfants (par exemple, Sur le nez évoque les terribles rencontres qu’un enfant pense faire en se levant la nuit pour atteindre les toilettes). Quelle importance pour vous de toucher à certains sujets sensibles pour l’enfant ? Comment aimeriez-vous qu’il réagisse face à ces lectures ?

Montrer 1er de couverture de Sur la bouche (PowerPoint)

Question 18 :

Comment parvenez-vous à vous approprier les codes de l’enfant et à vous mettre à sa place ? Dans l’album Sur la bouche par exemple, les consignes données ressemblent au jeu « Jacques a dit », avez-vous trouvé cette inspiration dans votre propre vécu ou plutôt à travers un constat que vous avez pu faire en observant les pratiques des enfants à l’école ?

Montrer un extrait Sur la Bouche (lecture d’un extrait)

 

[PARTIE CONCERNANT LA COOPÉRATION DU LECTEUR]

 

Question 19 :

Toujours dans l’idée de se mettre à la place du jeune lecteur, l’imagier Tout un monde se construit sur des jeux d’association d’idées. Comment avez-vous pensé ces associations tout en laissant une liberté d’interprétation aux lecteurs ?

+ Question annexe : Quel.s effet.s recherché.s ?

+ Question annexe : Aviez-vous pour volonté de sensibiliser les lecteurs à l’art et aux techniques artistiques ?

=> Montrer un extrait de Tout un monde (PowerPoint)

Question 20 :

Concernant vos albums se basant sur des jeux poétiques – graphiques ou langagiers, comme dans Dans la galette il y a, le lecteur semble parfois être invité à poursuivre la lecture en inventant la suite. Est-ce également un effet recherché ? Est-ce un moyen pour vous d’impliquer le lecteur ?

Montrez la dernière double page finale de Dans la galette il y a (PowerPoint)

 

 

DERNIÈRE QUESTION (21) :

 


Question “bonus” en cas de manque de question : Que pensez-vous des versions numériques de vos albums ? Pensez-vous que sortir du format papier pour les enfants enlèverait pour eux, au-delà du plaisir de la manipulation du livre, des chances de comprendre et mieux saisir l’histoire que vous leur racontez ?