La littérature en traduction

Si le philosophe tchèque Comenius a pu rêver, au XVIIe siècle, d’une langue unique, le latin, pour le rayonnement de la littérature de jeunesse, l’histoire montre qu’il n’y a jamais eu de grandes œuvres pour la jeunesse rédigées dans cette langue. La diffusion des œuvres pour la jeunesse s’est faite d’emblée dans les langues vernaculaires. Quelles sont les langues depuis lesquelles on traduit ? L’anglais, l’allemand et le français dominent le marché européen depuis le XVIIIe siècle, mais d’autres langues sont également bien présentes, comme l’italien, le suédois, le danois, le russe ou le japonais. On pourra donc s’intéresser à la constitution d’un patrimoine littéraire européen à travers l’histoire des traductions et retraductions.

Aujourd’hui, la mondialisation des pratiques culturelles oscille entre globalisation et cosmopolitisme. La prédominance d’une langue, l’anglais, semble entrainer une uniformisation des pratiques et des gouts. Néanmoins, d’autres indicateurs invitent pourtant à faire le constat inverse : la part de l’anglais, sur Internet, était de 90% à ses débuts, elle n’est plus que de 30% aujourd’hui. La traduction semble bien devenue une « langue commune », seule capable de donner accès à la pluralité des cultures.

Mais cet accès nécessite des actions de médiation. Beaucoup de jeunes, quand ils lisent un texte traduit n’ont pas conscience que ce texte qui leur est donné n’est pas un strict équivalent du texte source. A contrario, certaines pratiques montrent que la confrontation à l’étrangeté d’un texte peut aussi conduire à la rencontre interculturelle : les lecteurs assidus de mangas deviennent, pour certains, capables de déchiffrer les katakana qui ponctuent les dessins. Cette compétence linguistique s’accompagne d’un intérêt plus global à la culture autre.

Ce sont donc de ces enjeux que les contributions réunies dans cette section entendront rendre compte.