La littérature en traduction

Les 22 titres en littérature adolescente les plus empruntés dans les bibliothèques françaises en 2017 sont tous traduits de l’anglais (20 titres sur 22 appartiennent à trois séries). Ce gout marqué des jeunes pour les productions anglo-saxonnes est également lié à l’offre qu’on leur propose. Si la moitié environ des livres édités en France pour la jeunesse sont des traductions, 90% environ le sont depuis l’anglais. Les politiques d’acquisition des bibliothèques restent également frileuses lorsqu’il s’agit d’ouvrir leurs fonds à des ouvrages traduits depuis d’autres langues que l’anglais. Les manuels de français font eux aussi la part belle aux productions anglo-saxonnes. Il importe donc d’interroger les politiques en matière d’édition, de traduction, de diffusion des littératures étrangères traduites.

Outre la question de la diversité des langues d’origine se pose également la question de la valorisation de l’acte de traduction lui-même. Force est de constater l’importance, dans le secteur éditorial pour la jeunesse, des rééditions de traductions anciennes, peu scientifiques, peu adaptées, aussi, au public contemporain. On note également l’absence de mention – encore fréquente – du nom du·de la traducteur·rice/adaptateur·rice ainsi que de la langue d’origine dans un nombre important d’œuvres éditées aujourd’hui pour la jeunesse. De la même manière, les listes officielles d’ouvrages conseillés à la lecture par le Ministère de l’Éducation nationale ne mentionnent ni les noms des traducteur·rice·s, ni les langues d’origine des ouvrages étrangers. Un travail reste à accomplir par les prescripteurs pour agir sur les pratiques et les représentations du public.