La littérature en traduction

La traduction, en littérature de jeunesse, présente certaines spécificités. La plus saillante tient à sa très grande liberté : la notion de fidélité est certes devenue un critère d’évaluation important, mais elle ne constitue pas la seule norme de traduction. En témoigne la porosité entre les concepts de « traduction », d’ « imitation » et d’ « adaptation ». L’absence de légitimité du champ éditorial pour la jeunesse explique sans doute en partie cette liberté.

Mais la raison dominante semble être ailleurs : les modifications apportées au texte original constituent souvent des choix réfléchis, liés à des préoccupations éducatives et culturelles spécifiques à la littérature de jeunesse. Il s’agit, pour le traducteur·rice et/ou son éditeur·rice :
• de censurer ce qui parait choquant ou non conforme aux valeurs en vigueur dans la société-cible ;
• d’adapter les œuvres au canon littéraire, aux critères esthétiques et aux genres dominants dans la culture-cible ;
• de rapprocher le texte-source de la culture du·de la lecteur·rice, de le « domestiquer », afin de faciliter la lecture et d’éviter les difficultés de compréhension que pourrait entrainer l’éloignement référentiel.

Cette section se propose donc d’examiner les normes et pratiques en matière de traduction pour la jeunesse. Elle s’intéresse également au devenir des images et illustrations :
• Lorsque les images et illustrations d’origine sont maintenues, comment s’opèrent les interactions texte/image avec le texte second ?
• Lorsque les images et illustrations sont modifiées, quels sont les motivations et les critères quiexpliquent ces changements ?