Littérature orale et arts de la scène

Des story-hours des bibliothèques publiques américaines du XIXe siècle, aux premières Heures du conte impulsées par l’Heure Joyeuse, le répertoire oral et les pratiques de racontage ont depuis longtemps leur place dans et hors les murs des bibliothèques. De la lecture expressive, à la récitation du poème en passant par le spectacle de fin d’année ou le racontage, l’oralisation des œuvres a également sa place à l’école. De festivals du conte en saison jeunesse des théâtres publiques, les représentations destinées aux jeunes publics foisonnent.
Derrière ces pratiques et ces offres se cachent des réalités contrastées dont on peut interroger les modalités et les finalités.
Qui choisit le texte ? Qui conçoit l’intervention ? Quels espaces sont ouverts pour les échanges entre médiateurs, comédiens, auditeurs/spectateurs ? Quelles adaptations/reconfigurations sont prévues en fonction des lieux et des publics ? Quelles collaborations naissent entre les acteurs impliqués (médiateurs, enseignants, parents, enfants)?
Les visées sont-elles artistiques et/pédagogiques ? Cherche-t-on à transmettre des œuvres patrimoniales dans une version particulièrement légitimée ou à permettre leur appropriation comme objet vivant évoluant dans l’espace et le temps, en connivence avec les médiateurs, les comédiens et le jeune public ?
Finalement, à travers ces questions se pose celle des relations entre oralité et production jeunesse contemporaine. En quoi l’oralité peut-elle permettre l’émergence d’une multiplicité d’interprétations et susciter chez le lecteur la possibilité de se saisir du rôle de co-créateur de l’œuvre ?