Littérature orale et arts de la scène

Selon Dewey (2005 : 23), « afin de comprendre l’esthétique dans ses formes les plus accomplies et les plus reconnues, on doit commencer par la chercher dans la matière brute de l’expérience ».
L’EAC (éducation artistique et culturelle) est souvent vue par les élèves comme une éducation par l’expérience sensible et une ouverture de leurs imaginaires. L’EAC permet aux plus jeunes de recevoir un héritage culturel, et de comprendre et de créer leur propre langage artistique. Elle vise l’éducation à l’art et une éducation par l’art. Avec la loi de refondation de l’école en 2013, l’objectif est désormais que 100% des élèves bénéficient de l’EAC d’ici 2022. L’EAC est aussi souvent considérée comme l’une des voie de remédiation à la difficulté scolaire : une pédagogie du détour visant à faire acquérir des savoirs ou méthodes proprement scolaires sur des sujets artistiques, en vue de leur transposition vers le contexte scolaire (Bonnéry et Renard, 2013). L’EAC est un enseignement tripartite qui implique
– Une rencontre avec les œuvres et les artistes
– Une expérience esthétique par la pratique
– Une expérience artistique par l’acquisition de connaissances, culturelle et réflexive.
Cette éducation se déroule dans et en dehors de l’école.

Prenons l’exemple du théâtre. Quel rapport entretient-il avec la littérature ? Pourquoi créer une rencontre avec cet art vivant ?
Les disciplines artistiques que sont la littérature et le théâtre sont présents dans l’espace scolaire au sein de l’enseignement du français. Mais quels sont leurs liens ?
La mise en scène peut être analysée comme une activité de traduction. Le texte littéraire n’est pas seulement lu, il est proféré à haute voix pour saisir l’exercice du corps (les muscles, le souffle). Les mouvements, le jeu, les manières de dire, tout ce qui fait la performance concrète mémorisée par les acteurs, participent à la compréhension et l’interprétation. Le texte est ainsi bouleversé. Alors que le texte semble avoir des qualités de stabilité et de pérennité, l’œuvre théâtrale est intrinsèquement éphémère car elle vit par le jeu, sans cesse renouvelé, et sans cesse singulier. Le texte théâtral ne prend donc tout son sens que par la rencontre avec le public et le texte littéraire adapté au théâtre prend vie dans cette rencontre singulière.

La fréquentation des œuvres théâtrales par leur représentation permet ainsi de poursuivre plusieurs objectifs : comprendre, interpréter, entrer physiquement dans la fiction, rencontrer une autre façon de manipuler le langage, montrer les intentions et les sentiments des personnages sans l’intervention d’un narrateur, mettre en scène des problématiques variées, faire éprouver des sentiments profonds et mettre à distance violence et pulsions destructrices. En outre, le théâtre contemporain ouvre le développement d’écritures interdisciplinaires mêlant d’autres arts (danse, cirque, vidéo, musique, nouveaux médias…).

Créer un événement autour des arts vivants répond aux injonctions institutionnelles du parcours d’éducation artistique et culturelle : « Le parcours d’éducation artistique et culturelle accompli par chaque élève se construit de l’école primaire au lycée, dans la complémentarité des temps scolaire et périscolaire d’une part, des enseignements et des actions éducatives d’autre part. » (education.gouv.fr)
Les propositions pour l’école ne manquent pas, pouvant s’inscrire dans un projet de classe qui donne du sens aux apprentissages, dans une dynamique de création : s’exercer à la lecture à haute voix, aux lectures publiques préparées, s’enregistrer, faire intervenir des artistes dans la classe, rencontrer des auteurs d’œuvres théâtrales, organiser un partenariat avec des metteurs en scène pour mettre en espace et en jeu des textes…
Selon Ayoub & al. (2019), en 2019, 82 % des élèves de l’école primaire ont bénéficié d’au moins une action ou un projet relevant de l’éducation artistique et culturelle.