Lectures

La notion de « genre » est au cœur de nombreuses études portant sur la littérature de jeunesse. Nathalie Prince entend démontrer que la littérature de jeunesse est un « genre » à part entière, tandis qu’Anne Besson interroge la pertinence (universitaire ? commerciale ?) du raffinement infini des étiquettes génériques appliquées aux littératures de l’imaginaire : à quoi nous servent les expressions epic fantasy, bit-lit, steampunk ou cyberpunk ? Quels objets rassemblons-nous derrière ces termes, et pourquoi ? Devant le flou invasif de la terminologie, jugée parfois trop savante, parfois trop imprécise, certaines bibliothèques font aujourd’hui le choix d’un classement thématique, préférant rassembler les ouvrages sur les animaux et ceux qui parlent d’amour… On voit donc qu’une première interrogation consiste à se demander comment et pourquoi classer les œuvres littéraires pour la jeunesse.

La notion de « genre littéraire » est également liée à la question de la valeur, au point qu’on a pu parler de « mauvais genres » pour décrire le polar ou la science-fiction, ou tout simplement de « littérature de genre » pour rassembler toutes les œuvres qui suivent de manière trop servile un patron préétabli, renonçant ainsi à l’ « originalité » créatrice, pierre de touche de la valeur littéraire depuis le XIXe siècle. On comprend dès lors que la réflexion sur le genre cristallise les interrogations sur la légitimité de la littérature de jeunesse, souvent assimilée aux littératures populaires.

Enfin, l’hégémonie des fictions narratives dans la production comme dans la réception littéraire contemporaines oblige à repenser les médiations des autres genres littéraires, poésie, théâtre, littérature d’idées. Ces genres imposent-ils des formes de médiation particulière ? Faut-il au contraire bouleverser les frontières ? Quelle place notamment accorder à l’oralité, commune à la poésie, au théâtre, mais aussi à certaines formes narratives comme le conte ?